Chez Bampa, notre mission consiste à influencer positivement la façon dont les entreprises perçoivent la parentalité, et vice versa. Actuellement, cette perception demeure trop souvent négative. Afin de convaincre les dirigeants d'entreprises encore sceptiques et de rassurer les parents qui nous lisent, je souhaite partager mon expérience en tant que jeune père et l'impact positif qu'elle a eu sur mon travail. Je m'appelle Vincent, je suis le fondateur de Bampa.
Je tiens à souligner que je ne suis pas un modèle à suivre. Je suis plutôt un père ordinaire avec un parcours un peu plus avancé que la moyenne. Si j'ai réussi, la plupart des hommes peuvent en faire autant.
Prenons l'exemple de la naissance de ma fille en 2020. Le contexte du Covid a, d'une certaine manière, sauvé ma paternité. Enfermé dans des stéréotypes et des dogmes tenaces, j'étais initialement enclin à reproduire les erreurs de millions d'autres hommes, jeunes ou moins jeunes, devenus pères. La raison ? Cette croyance répandue selon laquelle il est impossible de réussir à la fois professionnellement et personnellement. C'est l'un ou l'autre.
Trois ans plus tard, avec l'arrivée d'un second enfant entre-temps, je constate que je suis toujours là. Non seulement j'ai réussi à jongler entre ma vie professionnelle et personnelle, mais j'en suis sorti grandi.
Il est vrai que j'ai traversé des mois difficiles avant de trouver mon équilibre. Heureusement, ma détermination m'a aidé à surmonter ces obstacles. Je tire cinq leçons de cette expérience qui peuvent vous être utiles si vous envisagez de rejoindre le club des papas. Surtout, ces enseignements semblent, avec le recul, tout à fait applicables à toute personne aspirant à propulser sa carrière.
Savoir prioriser
Lorsque la vie est déjà bien rythmée et que l'on doit y ajouter un élément aussi crucial que la paternité, la première étape consiste à prioriser, voire sacrifier certains aspects de sa vie. Plus de sport ? Moins de travail ? Moins de sorties ? Le choix est difficile quand on aspire à entretenir sa carrière, ses relations et sa condition physique.
Prioriser ne signifie pas arrêter. Il s'agit non pas de quantité de temps, mais de qualité de temps. Personnellement, je parviens à concilier au quotidien ces quatre aspects, mais à quel prix ? Prioriser dans le temps permet d'éviter le stress, la fatigue et surtout la déception. Il est question ici d'équilibre.
J'ai décidé de donner la priorité à ma famille sans pour autant sacrifier le reste de ma vie. Je n'ai pas réduit ma charge de travail, je l'ai simplement organisée différemment. Je cesse de travailler plus tôt pour aller chercher mes enfants et passer du temps avec eux. En contrepartie, je réduis les sorties et les sessions de binge watching le soir, pour travailler.
Je ne vais plus à la salle de sport tôt le matin car je gère le réveil de mes enfants. En échange, j'ai adapté ma routine sportive avec des séances courtes de 30 minutes que je peux pratiquer n'importe où, avant de commencer ma journée ou à midi.
J'arrête les cocktails pour le travail (sauf quelques exceptions très rares) et je privilégie quelques soirées de qualité avec des amis. En contrepartie, je travaille différemment mon réseau, notamment en publiant régulièrement sur les réseaux sociaux et en programmant des conversations de 20 minutes en visio aux moments où je suis habituellement le moins productif.
Vous l'aurez compris, je ne remets plus les choses à plus tard. Cela influence positivement ma productivité. Je travaille autant, voire mieux. C'est à la portée de tous, du moment que l'on sait pourquoi on s'impose tout cela.
Sortir de sa zone de confort
Avoir un enfant, c'est apprendre à sortir de sa zone de confort. C'est aussi apprendre à se connaître, des compétences indispensables dans le monde professionnel si l'on souhaite évoluer.
Rien n'est plus imprévisible que les aléas de la vie de famille. Il faut anticiper les problèmes, un apprentissage permanent.
Sortir de sa zone de confort est une condition essentielle à tout apprentissage. Cela signifie prendre des risques pour en récolter les fruits.
Vous comprenez où je veux en venir. Dans un monde en perpétuel mouvement, où chaque travailleur doit composer avec de nombreuses transformations (numériques, environnementales, sociales, etc.), vivre en dehors de sa zone de confort est une compétence à part entière, qui mériterait presque de figurer sur un CV.
Faire preuve d'empathie
En tant que jeunes parents, nous sommes souvent sur les nerfs, commettant de nombreuses erreurs, ayant du mal à nous reconnaître nous-mêmes et à reconnaître notre moitié. Le quotidien est une lutte telle que la moindre remarque ou critique peut déclencher une explosion.
J'ai vite compris que prendre de la distance sur la situation était la solution la plus simple et la plus efficace. En prenant du recul, on est capable de juger la situation et d'arriver presque systématiquement à la même conclusion : "Personne n'est contre moi. Je fais de mon mieux." Il est probable que la personne partageant notre vie donne autant d'elle-même, ou peut-être pas d'ailleurs. L'empathie consiste justement à se mettre à la place de l'autre, à comprendre comment il agit et pourquoi il agit ainsi. C'est surtout le moyen idéal de définir ce qu'il attend de moi. Cette prise de recul confère une sagesse indéniable et sauve tout simplement des couples au bord de la rupture... de nerfs.
Au travail, c'est la même chose. Vous avez le choix entre adopter une attitude centrée sur vous-même et critiquer tout ce qui ne va pas dans votre sens. Un collègue agressif, un prestataire trop lent, ou un manager indisponible. Cependant, évoluer dans un climat perpétuel d'insatisfaction et totalement figé n'est pas la solution.
Faire preuve d'empathie ne signifie pas accepter simplement la différence de l'autre, c'est contextualiser et trouver des solutions. Mon collègue agressif me perçoit peut-être simplement comme un concurrent, peut-être devrais-je lui envoyer des signaux amicaux. Mon prestataire que je considère comme lent a peut-être été mal briefé ou n'a peut-être pas assimilé ma façon de travailler, je devrais peut-être lui rappeler mes contraintes et lui indiquer que je suis à sa disposition à tout moment. Enfin, mon manager indisponible est très certainement submergé et pense bien agir en me responsabilisant. Pourquoi ne pas aller le voir et lui proposer des points plus réguliers tout en expliquant les raisons.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", disait Camus.
En famille, ou au travail, l'empathie est indispensable pour comprendre ses interlocuteurs et créer une relation solide avec eux. Personnellement, j'ai gagné en maturité sur ce point depuis que je suis père.
Apprendre à se satisfaire
À l'instant T, vous pensez que votre vie est vraiment difficile. Votre femme est constamment épuisée, vos enfants ne dorment pas, vous non plus, et en plus vos collègues ne sont absolument pas conscients de ce que vous traversez et ne font preuve d'aucune compréhension.
Cependant, avec toutes les qualités précédemment évoquées, vous prenez immédiatement du recul. Votre femme ? Quel chemin parcouru, quelle solidité. Il faut admettre que ce n'est pas du tout ce que vous imaginiez d'une relation amoureuse, biaisé par les films, mais c'est ainsi.
Vos collègues ? Admettez qu'ils n'ont pas à subir votre changement de vie. Leur avez-vous dit que votre contexte personnel était difficile à concilier avec votre travail ? Il y a de fortes chances que non, car cela serait selon vous un aveu de faiblesse. Vous avez tort.
La façon dont vous communiquez influence la perception que les gens ont de vous. Si vous ne dites rien alors que votre productivité diminue considérablement en raison de votre fatigue, on pensera que vous n'êtes plus dans le coup. Si vous jouez cartes sur table et que vous assumez, on vous proposera peut-être de ralentir pour mieux répartir une fois les nuits plus clémentes. C'est la voie de la sagesse, mais cela demande de mettre son ego de côté.
La perfection n'existe pas. Il faut se lancer, accepter d'apprendre, de tomber, se relever, retomber et se relever avec plus de stabilité cette fois.
Il faut savoir se satisfaire et pour cela, il faut mesurer sa réussite. Identifier les raisons qui nous poussent à sortir de notre zone de confort, pour éviter de tomber dans l'éternelle insatisfaction.
Gérer ses émotions
Devenir parent, c'est accepter de vivre au quotidien dans un ascenseur émotionnel et apprendre à garder son sang-froid. Que vous l'acceptiez ou non, vous n'avez pas le choix, vous devez composer avec cette difficulté et ne rien lâcher. Si vous sombrez, quelqu'un d'autre devra prendre soin de votre famille. Cette idée nous est tous insupportable. C'est ce qui nous aide à tenir, à traverser les épreuves. La clé, c'est d'apprendre à gérer ses émotions.
Les enfants peuvent être imprévisibles, ce qui nécessite souvent de faire preuve de calme et d'adaptabilité face aux situations. Cela m'a personnellement aidé à développer des compétences en gestion du stress qui sont précieuses au travail.
Gérer ses émotions ne signifie pas les cacher. Au contraire, la parentalité m'a amené à développer une plus grande conscience de mes propres émotions, à apprendre à les gérer de manière constructive et donc à les assumer. Je n'ai plus de frein à les partager, y compris au travail. Cela contribue évidemment à l'empathie.
En résumé, devenir parent, c'est accepter de lâcher prise. Déconstruire l'existant et se reconstruire sur de nouvelles bases solides.
Pour y parvenir, j'ajouterais que l'entourage est clé. Certes, on ne choisit pas sa famille, mais l'entourage est bien plus complexe et vaste. Ce sont les amis, les collègues ou les mentors. Le dernier conseil que je vous donnerais, c'est d'accepter de laisser filer quelques personnes et d'inviter de nouvelles personnes dans votre vie. Votre vie change de façon radicale, il faut accepter de s'entourer autrement.
Merci d'avoir lu ces quelques lignes. J'espère avoir contribué à vous faire prendre conscience de la complémentarité entre la parentalité et la productivité au travail. Le sujet est encore tabou. N'hésitez pas à partager ce texte avec votre patron ou vos collègues pour changer les mentalités. Surtout, si vous souhaitez passer à l'étape suivante et créer une culture de la parentalité impactante, vous savez vers qui vous tourner. Demandez-nous une démo et découvrez Bampa.